Bloqué en début de match par la défense à 5 de l’OL, Paris a repris le contrôle en passant en 442 à la demi-heure de jeu. Lucas a joué à droite et Pastore à gauche, comme c’était le cas l’an dernier. Cette réorganisation a permis au PSG d’écarteler l’OL en largeur et de le suriner en profondeur, notamment grâce à un récital de Verratti et à la position axiale de Cavani. Car si Paris a marqué tous ses buts sur coups de pieds arrêtés, c’est bien dans le jeu qu’il a fait la différence.
Début de match : 433 < 532
L’OL arrive au Parc en 532, avec le même plan qu’il y a un an. Comme souvent cette année, Paris a travaillé l’Olympiakos en largeur mercredi, Van der Wiel et Maxwell prenant une part prépondérante dans le 352 de Blanc en phase offensive. Dans cette configuration, les latéraux sont les premiers visés par les premier relanceurs. Garde l’a bien compris et place Bedimo sur Van der Wiel et Miguel Lopes sur Maxwell. Son cœur du jeu lui permet également de créer un 4 contre 3, avec Fofana, Gonalons, Gourcuff et Grenier contre Motta, Verratti et Pastore. Après 30 minutes le constat est sans appel : 75% de possession, à peine 25 % de territoriale. Paris est forcé par le 532 lyonnais à faire tourner de façon stérile dans son camp, cherchant à faire des différences de longs ballons, forcés.
Au quart d’heure, un beau mouvement Pastore – Verratti – Motta met Cavani sur orbite. L’Uruguayen est déséquilibré par Koné, mais n’obtient pas le penalty. Blanc dira à la fin du match que Paris aurait pu gagner, même sans se réorganiser, cette action donne du crédit à cette thèse. Mais dans la construction, Paris est quand même en difficulté. Et puis Pastore en 8, ce n’est plus possible. Incapable de se projeter vers l’avant et inutile dans la préparation, l’Argentin – à ce poste – est l’erreur de casting de la compo parisienne.
Comme ce fut le cas à Saint-Etienne jusqu’au rouge, le 433 du PSG est contenu quand le premier rideau adverse est bien organisé, et les côtés bien bloqués. Mais Blanc va changer d’organisation.

Paris neutralisé en 433 pendant la première demi-heure, contraint à échanger des passes latérales dans son camp par l’organisation très défensive de l’OL.
Passage en 442
Réorganisé, le PSG gagne immédiatement en verticalité. Des la 25e, il faut un geste incroyable de Koné en extension pour priver Ibra d’un premier face à face avec Vercoutre, après une des nombreuses galettes de Verratti. La frappe sur la barre de Lacazette intervient sur l’action qui suit, alors que Paris défend pour la première fois depuis son passage à deux pointes. Pendant 5 minutes, le positionnement défensif des Parisiens va être assez flottant, et les Lyonnais vont manquer d’audace offensive. Trop timorés, les hommes de Garde ne jouent pas leurs coups offensifs à fond, et rate leur seule chance de profiter d’espaces qui ne vont plus jamais s’offrir à eux.
Il faut attendre la demi-heure pour voir Paris jouer véritablement en 4222, voire en 424. Cette organisation, combinée au jeu long des deux Thiago et de Verratti permet au PSG de jouir d’une bien meilleure force de pénétration. Pastore, qui a quitté le deuxième tiers du terrain pour faire la loi dans les 30 derniers mètres, n’est pas loin d’ouvrir le score sur une séquence initiée par un long ballon de Silva à la 32e. Cela dit, il faut bien dissocier l’organisation de l’animation. Le PSG de Laurent Blanc, même en 442, n’a pas grand chose à voir avec celui d’Ancelotti dans sa manière d’animer le jeu, qui reste, globalement, assez horizontale.

Si l’animation parisienne est loin de changer du tout-au-tout après le passage en 442, le jeu long gagne en efficacité et le PSG est plus apte à aller inquiéter Vercoutre dans cette nouvelle organisation.
Un but sur attaque placée, l’autre sur attaque rapide
Le 442, combiné à l’absence de Matuidi, ménagé par Blanc, donne un PSG très impressionnant de maitrise technique. A l’image de Motta, qui rend un parfait clean sheet, avec 100% de passes réussies et aucune faute. Derrière le duo Ibra – Cavani, on retrouve : à gauche un triangle Maxwell, Motta, Pastore et à droite VdW, Verratti, Lucas. Dans l’utilisation du ballon, c’est très fort. Veratti rend un 114 sur 120 en passes réussies et aura rayonné tout au long du match, en aguillant le jeu parisien et créant constamment le danger dans le dos de la défense grâce à ses ballons en cloche.
Paris fait la différence sur corner, mais le coup de pied de coin faisait déjà suite à une énorme occaz’ d’Ibra, facilitée par l’organisation en 442 et une bonne utilisation de la largeur, avec le regista italien à la baguette. L’appel de Lucas ouvre la porte et Paris fait la différence en attaque placée. Avec Pastore et Lucas, les Parisiens sont maintenant 4 pour donner de la largeur à leurs attaques. Et libérer ainsi des espaces dans l’axe. Cavani finit le boulot mais la supériorité parisienne n’est sûrement pas due qu’à l’efficacité du PSG sur les coups de pieds arrêtés.

Le 442 en attaque placée, sur la largeur. L’action commence à gauche, à l’initiative du triangle Max-Motta-Pastore et se finit à droite. Le bon déplacement de Lucas entre-ouvre une porte qu’Ibra défonce. Vercoutre et la main de Bisevac retardent l’échéance, mais l’OL craque sur le corner qui suit.
Après l’ouverture du score, Paris gère tranquillement, désormais beaucoup plus sûr défensivement. Et s’il procède toujours en attaque placée, comme le prouve le 1-0, il est désormais beaucoup plus apte à percer le bloc lyonnais verticalement. Sur un ballon récupéré bas, Verratti trouve Pastore – sa passe élimine 4 Lyonnais – Pastore trouve lui Cavani qui obtient un penalty. En deux passes, le PSG a fait 70 mètres. Zlatan méprise Vercoutre et le match est déjà fini.

4 Lyonnais éliminés par la passe de Verratti. Pastore met Cavani sur orbite en le servant en profondeur. L’appel parfait de l’Uruguayen fait le reste. Péno. 2-0
Matuidi remplace Motta à l’entame de la deuxième mi-temps et Paris reste en 442. Sa fraîcheur permet à Paris d’être encore plus solide défensivement. La promenade continue. Le PSG pique encore l’OL sur corner à l’heure de jeu. L’action qui amène le corner est un condensée des deux actions qui amènent les deux premiers buts. Veratti allonge pour Zlatan, poursuivi par Koné, à la limite de la faute. Au moment ou Veratti arme son ouverture, les Parisiens sont en 4 contre 4 avec la défense lyonnaise, Bédimo étant alors très haut. 3-0. En montant Pastore d’un cran, Blanc gagne en nombre et en verticalité, alors que son équipe était incapable de pénétrer avant la réorganisation.
Pastore / Lucas
Souvent cibles des critiques, les deux sud-américains ont réalisé une bonne performance dimanche soir. Leur positionnement sur chaque côté du 442, comme c’était le cas l’an dernier avec Ancelotti, aura été une des clefs de la reprise en main du match par Paris. Contre Nice, déjà, Flaco – enfin débarrassé de ce poste de 8 qui ne lui sied définitivement pas – avait régalé dans une position de trequartista plus convenable à sa compétence fondamentale : faire la différence dans les 30 derniers mètres. En réussissant les seules passes qu’il réalise facilement : les passes difficiles. Allez comprendre… Si l’on voulait présenter la situation de façon avantageuse pour lui, on dirait qu’à son poste, il en est à 2 bons matchs sur deux cette saison.
Lucas a également gratifié le Parc de quelques unes de ses fulgurances. Certes, le Brésilien pourrait lâcher ses ballons plus vite, mais il faut contextualiser ses performances. Il y a peut-être une petite incompatibilité entre le projet très catalanisant de Blanc et le profil explosif de Lucas. Le Brésilien n’a rien d’un joueur d’attaque placée. Il n’est pas fait pour jouer arrêté et pétrir lentement des blocs bas. Il n’est pas un joueur sur le quel on prend appui. Lucas est un joueur véloce, un joueur d’instinct. Il est né au pays du 4222, et a toujours joué sur son aile droite. Ce n’est pas un Pedro ou un Iniesta, ce n’est pas un David Silva ou un Gael Danic. Ce n’est pas un renard, ce n’est pas une fouine, c’est un guépard.
Plus l’équipe adverse se recroqueville – comprenez : plus Paris fait durer les séquences – moins Lucas est utile. On en a eu la preuve l’an dernier en Ligue des Champions : dans une animation assez directe et verticale, Lucas peut détruire des défenses, par sa vitesse et sa technique. Depuis quelques matchs, le jeu de Paris se verticalise, et Lucas s’épanouit plus. Les Rémois peuvent en témoigner. Les Lyonnais aussi. Faire tourner aussi longuement dans leur camp permettra-t-il au Parisiens de créer l’espace nécessaire à leur ailier pauliste dans le dos des défenses adverses ?
Comme un symbole, le penalty du 4-0 est la conséquence d’une contre-attaque initiée par les Pastore et Lucas. Là encore, Paris remonte le terrain en 2 passes.
Cavani / La question du cœur du jeu
Si les changements de Blanc ont été payants, c’est aussi et surtout du fait du repositionnement axial d’Edinson Cavani. Dans le 433, Cava est tributaire des montées de VdW pour enfin jouer à son vrai poste : Avant-centre. S’il garde une certaine mobilité dans le 442, son positionnement est beaucoup plus proche du but, et propice à l’exercice de son vrai métier : Assassin. Pas de soucis avec Ibra, pas de soucis avec Pastore, pas de soucis avec personne. Le seul souci, c’est que la présence de Cavani dans l’axe induit automatiquement le sacrifice d’un des membres du trident au milieu.
A Saint-Etienne, Blanc s’en était déjà sorti grâce au 442. Il avait descendu Motta en défense centrale, et avait donc pu continuer à aligner les trois têtes de son cher cœur du jeu, tout en jouant en 442. S’il veut accomplir le rêve européen auquel beaucoup croient de plus en plus fort, il va falloir qu’il tranche. A moins qu’il reste en 433. Un système qui a montré quelques limites contres des oppositions valables. Il a déclaré à la fin du match que Paris aurait pu gagner sans se réorganiser, refusant avec humilité les talaronnades qui lui furent offertes. Alors, changement durable ? Car entre la position axiale du Matador et son cœur du jeu à trois, il va devoir trancher, à moins de partir sur un 4312 avec Pastore 10, comme face à Nice, mais sans ailier ?
Conclusion
Surpris par le bon 532 de Rémi Garde, Blanc a fait preuve d’une bonne réactivité et a pris la bonne décision à un moment-clé. Le passage en 442 a été une réussite totale, tant défensivement qu’offensivement. En positionnant Pastore à gauche et Lucas à droite, le Président a parfaitement déjoué la défense à 5 de l’OL et rééquilibré le rapport de force dans les 30 derniers mètres, en sacrifiant une tête de son cœur du jeu à trois. Il s’est sorti du bon piège tendu par Rémi Garde, qui aura eu le mérite de tenter quelque chose tactiquement pour bloquer ce PSG.
Victor
Juste pour info, Verratti s’écrit avec 2 « r » et deux « t ».
Bonne analyse anyway, même si je suis plus circonspect sur l’apport de Lucas et Pastore sur ce match. Concernant ce dernier, la phrase « les seules passes qu’il réalise facilement : les passes difficiles » résume parfaitement le paradoxe porté par ce joueur !
C’est vrai que je me suis un peu lâché sur Lucas et Pastore. Je crois vraiment en ces deux-là.
Pour l’orthographe, c’est corrigé. Merci !
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