Opposé à Leverkusen dans ce qui ressemblait fort à la finale du groupe A (le vainqueur était qualifié), United a fait exploser le dauphin de Bundesliga chez lui, en lui infligeant une humiliante manita. En pratiquant un football séduisant grâce à une animation dynamique, Manchester a confirmé son regain de forme après un début de saison calamiteux, portant son invincibilité à 11 matchs.
Deux absences à déplorer côté United : Vidic et Van Persie. Pour la première fois de la saison, Moyes aligne Kagawa derrière Rooney. Valencia, à droite et Nani, à gauche, complètent l’animation offensive. Dans le cœur du jeu : duo trans-générationnel Ryan Giggs – Phil Jones. Côté allemand, un absent de poids : Sidney Sam. Hyppia propose un 433 assez offensif, à l’image du numéro 10 porté par le milieu de terrain espoir allemand Emre Can, qui évolue arrière gauche. Pas forcément l’idée du siècle.
Pressing des avants et bloc compact
Le plan de United est indentifiable dès les premières minutes du match. A l’initiative du pressing du duo Rooney – Kagawa sur la charnière central du Bayer, les Allemands sont forcés à jouer long. Tous les seconds ballons sont pour un United compact, qui s’assure une récupération rapide. Au pire, les ballons sont renvoyés à l’envoyeur par les rouges, et chassés vers le camp de Leverkusen. Manchester jouit ainsi d’une grande maitrise défensive. Exemple type dès la 4e minute : Ferdinand cherche directement Kagawa par une longue passe au sol. La transmission est un peu longue, mais le Japonais poursuit son effort et met Spahic sous pression. L’ancien Montpelliérain est forcé d’allonger de très bas et son dégagement est renvoyé par Smalling, puis récupéré haut par Manchester après que Leno, sous pression, l’ait envoyé en touche.
Cela dit, le bloc de Moyes ne presse pas aussi haut tout le temps. Même quand United perd du terrain, les rouges gardent une grande sérénité grâce au bon repli de la ligne Nani – Jones – Giggs – Valencia. Que les Mancuniens stationnent haut ou bas sur le terrain, c’est la compacité du bloc qui lui donne son efficacité défensive.

Gauche : Dès l’entame, le bon pressing de Kagawa sur Spahic force le Bosnien à balancer. Mais retour à l’envoyeur, MU domine dans les airs et gratte tous les seconds ballons. Droite : Sur cette séquence, MU défend très bas, et avec beaucoup de maitrise. Déterminés à rendre le jeu entre leurs lignes impossible, les rouges se recroquevillent. Ce repli compact neutralise le jeu offensif de Leverkusen. Le centre de Can est ici cueilli par De Gea, après que l’espace entre lui et sa défense ait été réduit à néant par la station basse de son bloc. Cette situation va se reproduire souvent, Leverkusen favorisant le flanc gauche pour attaquer.
0-1 / 0-2
Le premier but est l’occasion pour Shinji Kawaga de prouver qu’il a le profil du 9,5 d’un 4-4-1(Kagawa)-1. Alors que United consomme un temps relativement faible, le meneur japonais met le 6 adverse Reinartz sous grosse pression et récupère le ballon. Il trouve Giggs qui écarte sur Rooney à gauche. L’appel axial de l’ancien Borussen – qui a continué son effort – attire Can et libère l’espace pour Valencia qui arrive comme une fusée au second poteau pour ouvrir le score. Compacité + explosivité + courses intelligentes dans l’espace = occasion = but.

(De droite à gauche) Neuf rouges derrière le ballon quand Kagawa le récupère dans les pieds du milieu def’ adverse. Le contre, parfaitement exécuté par MU finit au fond grâce à l’espace libéré par Kagawa pour Valencia. Toute la compacité et le dynamisme du 4411 en dix secondes.
Le deuxième but récompense le travail de pressing du duo d’attaque anglo-nippon de United décrit plus haut. Sur un ballon rendu par MU, leur pressing combiné va obliger Leverkusen à balancer du coin droit de sa défense. Quand le ballon revient, Kagawa est encore là pour harceler Reinartz, avant de le pousser à la faute. Le coup franc, botté par Rooney atterrit sur la tête de Spahic (csc), 0-2 (30e).
La promenade des Anglais
La deuxième période part sur les mêmes bases que la première. Avec un United bien en place et toujours efficace au pressing. Le quatuor Nani – Valencia – Kagawa – Rooney permet à Manchester de sortir les ballons très proprement et très rapidement, poussant les Allemand à la faute. Grâce à une assise défensive toujours aussi solide et à une transition toujours aussi fluide, les 4 offensifs de Moyes se régalent dans le dos de la défense du dauphin de BundesLiga.
Manchester impressionne par sa solidité. A droite, Can est complètement neutralisé par Smalling. Son match offensif est un calvaire. En phase défensive, Nani (parfois backé par Giggs) et Valencia deviennent le 5e défenseur, créant un surnombre efficace, et donnant de la latitude au bloc des rouges. Tout au long du match, il est la cible des relances de Smalling, usant sa vitesse et sa propreté technique pour fluidifier la transition des rouges.

Bien couvert par son premier rideau, Smalling a assuré, réussissant (littéralement) un sans faute (0). Grâce à sa vitesse exceptionnelle, Valencia participe à la transition efficace de son équipe. Il est récompensé par un but.
0-3 / 0-4 / 0-5
Dans un match très plaisant, Manchester propose un excellent football d’attaque rapide : jamais deux passes latérales de suite. A la 64e, Valencia pose un une-deux fluide avec Smalling, puis prend appui sur Kagawa. L’attaque rapide se transforme en attaque placée tandis que les noirs se replient comme ils peuvent. Le corner qui suit la tentative de Phil Jones fait mouche. 3-0 (65e). La frappe – un peu forcée – de Jones traduit quand même la volonté de Moyes de voir ses joueurs finir les actions le plus vite possible, plutôt que de poser de trop longues séquences sans les conclure par des frappes au but. Clairement le genre de match dans lequel la possession n’indique rien, si ce n’est que l’équipe qui a le ballon est celle qui est le plus en danger.
Si son 4411 permet à Moyes de pouvoir compter sur 8, voire 9 hommes pour défendre, le 433 aux lignes bien distendues de Hyppia ne lui en offre que 7, voire moins quand son équipe est prise de court sur attaque rapide. Plus possesseur du ballon au fil des minutes, MU déroule en deuxième mi-temps, et commence à plus utiliser la largeur du terrain. Les ballons sont récupérés de plus en plus haut et la démonstration se transforme en humiliation. Nani finit le match en pointe, il termine le boulot avec adresse servi en profondeur par Giggs, face à une équipe allemande amorphe (0-5, 87e).
Kagawa
Enfin positionné derrière l’attaquant, comme c’était le cas à Dortmund, Shinji Kagawa a rendu une très belle copie. Harceleur efficace du cœur du jeu adverse et fer de lance des contres éclairs de United grâce à sa qualité technique, sa percussion et sa qualité de passes. Son entente avec l’infernal Rooney et la qualité des appels des joueurs de côté lui ont facilité le travail. Il fait parler sa finesse sur le 4-0 en offrant à Rooney la passe pré-décisive qui précipite le but (mérité) de Smalling, qui complète sa belle carte.
Depuis le début de la saison, le Japonais n’avait eu sa chance que sur le flanc gauche de l’attaque de MU, quand il a joué… Une prestation encourageante à confirmer. A condition que Moyes retente l’expérience. Mais quid de sa majesté Robin Van Persie ?

Bon match de Shinji Kagawa dans sa position préférentielle. Vif techniquement, le Jap’ a cassé bien des reins et s’est montré disponible et utile dans les phases de transition. A noter sa bonne entente avec Giggs derrière lui et avec Rooney devant.
Conclusion / éloge du 4411
Après un début de saison très compliqué, le Manchester de Moyes est en train de prendre forme, dans l’ombre imposante de Sir Alex.
Forts de l‘efficace résistance opposée à Arsenal (1-0) il y a deux semaines, les Red Devils fortifient leurs certitudes défensives, et pansent leurs plaies sur le plan mental. En attaque aussi, tout a fonctionné. Bon pressing, bonne organisation, jeu dans l’espace, bonnes séquences de conservation, certes facilitées par le break rapidement fait. Entre compacité en dynamisme offensif, les rouges ont assez rapidement plié l’affaire avant de dérouler. Face aux dauphins du Bayern en BuLi, tout de même. Cela dit, cet argument ne pèse pas forcément lourd pour United, même si la perf’ impressionne. Car si les hommes d’Hyppia ont été neutralisés collectivement, ils ont rendu des cartes assez pauvres individuellement, à l’image des calvaires vécus en attaque (par Can notamment) ou en défense (par Spahic par exemple).
Ce match était un bon argument pour les dogmatiques du 4411. Avec 8 joueurs constamment derrière le ballon en phase défensive, Moyes a complètement nullifié le 433 de Sammy Hyppia. Loin d’abuser des passes latérales, les Red Devils ont toujours cherché à aller vite vers l’avant, en comptant sur un bloc bas/médian et sur une transition ultra-efficace, offrant un spectacle très plaisant.
Victor
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