Man City 5 – 3 ASM : City brille dans le jeu placé, et souffre défensivement

En difficulté sur le plan défensif et face au pressing haut de l’ASM, Manchester City a brillé dans l’utilisation du ballon, en s’appuyant sur la mobilité de Silva et De Bruyne face au duo Fabinho – Bakayoko. 

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Tiémoué Bakayoko – David Silva

Difficultés de City face au pressing, et variations dans la sortie de balle

Très efficace au Parc face au PSG, le pressing haut de Monaco a également fait du dégât face à la sortie de balle de City. Sans solution courte, alors que Mbappe – Falcao et Bernardo isolaient les centraux et Yaya Touré, Caballero a parfois eu des solutions côté gauche, avec les décrochages de Silva et Fernandinho à 2v1 face à Fabinho.

Droitier, l’ancien Malagueño s’est trouvé en grande difficulté au moment d’aller orienter le jeu vers sa gauche : ses passes n’allaient pas dans le sens du jeu et – au delà de ce détail – il a commis de grosses erreurs techniques, menant notamment à l’égalisation.

Avec Fernandinho, droitier et milieu de formation au poste d’arrière gauche, la sortie de balle n’en était que plus compromise pour City.

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City en échec face au « 4-3-3 de pressing » monégasque : Caballero ne peut joueur que sur sur arrière gauche Fernandinho, et ses passes sont mal assurées, en plus d’aller vers l’arrière. Monaco égalise grâce à cette faille bien lue.

Comme ça va être le cas dans le camp adverse, City a également su varier ses schémas pour sortir le ballon. On a vu Touré descendre très bas, pour former une quasi-défense à 3, alors que Sagna passait de latéral droit à relayeur droit, permettant ainsi à De Bruyne ou Sterling de prendre la largeur / la profondeur. De l’autre côté Fernandinho vient aussi à l’intérieur.

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Une des variations de City pour sortir le ballon, conclue par un appui sur Sterling : Les 2 latéraux à l’intérieur et KdB au large au moment de sortir.

L’aide de Silva sera également importante, en sachant que ce pressing monégasque ne dure pas éternellement.

En difficulté défensivement, Stones est très utile dans sa capacité à conduire le ballon, et à le lâcher le plus tard possible pour créer un décalage, qui peut également venir du jeu long et du second ballon dans ces sorties sous pression, qui sont souvent passé par un appui sur Agüero ou Sterling, en comptant sur la mobilité de De Bruyne.

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Pas toujours suffisante pour se sortir du piège, l’aide de David Silva aura été précieuse pour réussir à casser le pressing haut monégasque, encore une fois en passant par Agüero dans l’axe.

City dans le camp adverse : Les mouvements de Silva et De Bruyne

Depuis la déconvenue à Everton en PL (4-0), Guardiola est revenu à son 4-1-4-1 du début de saison. Un système caractérisé par le rôle particulier de Kevin de Bruyne et David Silva, « relayeurs hauts » d’un système à 4 milieux offensifs et une pointe, soit 5 joueurs disponibles pour une première passe verticale au moment de construire.

Face à une ASM plutôt orientée sur l’homme, l’objectif de City était de « déplacer » Fabinho et Bakayoko grâce aux mouvements de leurs adversaires direct Silva et De Bruyne.

Sur les côtés, et plus particulièrement à gauche, l’objectif était le même pour les ailiers de City face aux latéraux : le rôle Sané était d’éloigner Sidibé de l’axe.

Soit pour fixer tout le bloc monégasque avant de renverser ; soit pour ouvrir l’espace entre Sidibé et Glik, et attaquer la surface par ledit half-space.

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Par ses déplacement verticaux ou horizontaux, Silva créé toujours du danger, soit en emmenant Fabinho loin de l’axe, soit en fuyant son marquage avec l’aide de Fernandinho, venu dans le cœur du jeu, pour former une sorte de 3-2-5

Les mouvements des latéraux Fernandinho et Sagna étaient également perturbant pour l’ASM. Pour sortir le ballon au moment de construire, City a alterné entre un « 4-1 » (défense à 4 + Yaya Touré) et un « 3-2 » (Otamendi – Stones – Sagna + Fernandinho – Yaya). Cette alternance a eu le mérite de recentrer Bernardo (adversaire direct du latéral gauche Fernandinho), pour mieux inciter Fabinho à suivre Silva dans ses déplacements latéraux et verticaux.

En venant se placer en tant que relayeur, Fernandinho privait également Fabinho de repère fixe, permettant à Silva se proposer dans son dos, et d’aller « occuper » Glik.

En combinant leurs déplacement latéraux, Silva et De Bruyne ont aussi souvent ouvert la passe vers Agüero, l’Argentin ayant en suite pour mission de trouver un troisième homme face au jeu, capable de délivrer l’avant dernière – voire la dernière – passe avant de finir.

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Une manière pour City d’éliminer le milieu monégasque : les mouvements latéraux des relayeurs Citizens De Bruyne et Silva étirent Bakayoko et Fabinho, et ouvrent une passe axiale vers Agüero. En suite, Silva et KDB plongent dans le dos de leurs adversaire direct pour aller jouer (idéalement) un 5 contre 4 avec la défense

Derrière, beaucoup de centres à ras-de-terre. C’est le cas sur l’ouverture du score, sur laquelle – une fois de plus – Silva attire Fabinho, pour faciliter la course verticale de l’ailier allemand vers la surface, avant qu’il ne délivre la dernière passe.

Une fois le centreur libéré, les 3 attaquants Citizens restant (en théorie, un est à l’avant dernière passe, un autre et le centreur) croisent les courses pour libérer une option pour un centre, en retrait ou non.

En proposant des appels complémentaires, les Citizens espèrent dérouter l’adversaire, en espérant que le dernier passeur fasse le bon choix, ce qui n’est pas garanti alors que tout va très vite. Sur l’ouverture du score, pris par le contre-appel d’Aguero, Raggi ouvre la passe vers Sterling, ailier opposé qui rentre à l’intérieur pour finir l’action. Souvent, cette saison, City a fini par un centre en retrait alors que le central côté ballon reculait pour couvrir son premier poteau.

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Le centre à ras-de-terre de Sané fait mouche : En proposant en retrait, Agüero attire Raggi et libère la passe pour Sterling qui coupe au second. Habitués à finir sur des centres courts, les Citizens doivent faire les bons choix et s’appliquent à proposer différentes options au dernier passeur

Sur l’action polémique du contact Subasic – Aguero, on trouve cette fois-ci Silva derrière la première ligne de pression (dans une sorte de 4-2-4), venu aider pour la sortie de balle.

C’est KdB qui est trouvé entre les lignes par Silva. Mais l’objectif reste le même : bouger pour perturber les marquages adverse, et profiter de la largeur et du nombre offerte par les ailiers, pour attaquer la profondeur et combiner pour finir l’action.

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Silva décroche et trouve De Bruyne entre les lignes : 2 contre 2 créé avec Glik et Raggi. Derrière, situation de 4 contre 4 à jouer avec Sané et Sterling qui attirent Mendy et Sidibé. Trouvé dans le dos de Raggi, l’Argentin est touché par Subasic mais n’obtient pas de penalty.

Monaco se sort du pressing

S’ils ont fait étalage de leur qualité en attaque placée, les Citizens ont connu de nombreux soucis défensifs. A commencer par leur incapacité à mettre l’ASM sous pression sur sa sortie de balle.

Dans le 4-1-4-1 de Manchester City, une des constante est la montée d’un relayeur (Silva ou KdB) au côté d’Aguero, pour passer du 4-1-4-1 au 4-4-2, et ainsi créer un 2 contre 2 avec les centraux adverses et forcer le jeu long. Face à la sortie de balle de l’ASM, ce plan n’a pas très bien fonctionné.

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Le plan de City face à la sortie courte : le relayeur côté ballon se joint à Agüero pour créer un 2v2 et le 6 monte à son tour d’un cran

En faisant grimper ses latéraux, Jardim a posé de gros problème à City : Lorsque Subasic jouait long, il pouvait aller chercher ses latéraux entre les ailier de City et les latéraux de Monaco.

En jouant long dans l’axe, le gardien croate pouvait également compter sur la supériorité athlétique du duo Fabinho – Bakayoko face à Silva – De Bruyne – Touré, comme de la charnière centrale monégasque sur Aguero et les 8 de City.

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Les latéraux haut de Monaco perturbent le plan des Citizens : La défense ne peut plus jouer le hors-jeu et doit reculer, avant d’être à son tour mise sous pression par la paire d’attaque monégasque

En renvoyant le ballon vers les centraux de City (rapidement sous la pression de Mbappe et Falcao) Monaco inversait le rapport de force, et devenait à son tour l’équipe qui presse, grâce au jeu long et au pressing sur les seconds, troisièmes et quatrième ballon, souvent gagnés par les Monégasque.

Malgré une charnière limitée avec le ballon, Jardim pouvait compter sur la qualité technique de son quatuor offensif pour mettre rapidement le ballon au sol et annihiler le pressing de Man City après avoir joué long. Qualité technique également précieuse pour le duo Baka – Fabinho, capable à la fois de faire parler son impact, et sa finesse balle au pied pour mettre le ballon au sol, en combinant avec Falcao, qui se révèle être un numéro 10 précieux au moment de décrocher pour gagner la bataille du milieu.

Sur ses séquences, jouer sur les ailiers et compter sur leur qualité de percussion alors que les latéraux monégasques sont haut a souvent été la seule manière pour City de reprendre le contrôle du ballon.

Transition défensive : City en difficulté à la perte

Au delà de ces problèmes de pressing, les Citizens ont également été en difficulté à la perte du ballon. Quelque soit le placement de Fernandinho (3-2-5 ou 4-1-5), une fois les 5 attaquants de City éliminés, les skyblues ont souffert sur leur transition défensive.

Lorsque les Citizens attaquaient en « 3-2-5 » Yaya et Fernandinho était souvent éliminés en même temps que les 5 joueurs offensifs. Lorsque Fernandinho était au large (4-1-5) le milieu ivoirien a souvent peiné à assurer son rôle de 3e défenseur et a parfois été poussé à la faute.

Souvent dominés dans le 1 contre 1 par la vivacité des Monégasques, l’avantage numérique (+1) en théorie garantie par ces 2 mises en place offensives a vite volé en éclat.

Avec une défense haute, City a souvent joué le hors-jeu sur un fil, alors que le porteur n’était pas forcément cadré.

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La vitesse des joueurs de Mendy et Lemar, venus du côté opposé, contrarie la supériorité numérique voulu par Guardiola sur les phases de transition défensive. A droite, c’est même une supériorité qui est produite par Lemar

A cause des difficultés défensives des Citizens dans le 1 contre 1 (notamment Yaya Touré et Stones) mais aussi grâce à la vitesse des joueurs de couloir monégasque (Mendy, Sidibé, Lemar) capables de joindre la contre-attaque depuis le côté opposé pour produire l’égalité numérique. L’intelligence des appels de Falcao, – souvent démarrés depuis son propre camp – ont également grandement gênés la défense haute de Guardiola.

En défense « placée » les Citizens ont également montré quelques faiblesses. Lorsque le latéral sort au contact de l’ailier adverse, un gap conséquent se crée entre lui et son central.

Aussi, souvent, les Citizens ont manqué d’un second souffle pour ré-enclencher un pressing alors qu’ils défendaient en 4141 dans leur dernier tiers. A voir comment la ligne d’attaque, pas forcément dominante sur le plan athlétique, gèrera la dépense d’énergie inhérente au pressing voulu par son entraineur, dans les prochaines échéances de la saison.

Victor

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4 réponses à “Man City 5 – 3 ASM : City brille dans le jeu placé, et souffre défensivement

  1. Superbe travail d’analyse. Faut il imaginer une individuelle de Jemerson sur Aguero pour limiter les sorties de balles, ou bien installer une sentinelle et carrément changer de système tactique?

    • Salut, et merci pour ton retour

      L’ASM pratique déjà une individuelle relative sur Agüero (une mixte, on voit qu’il est suivi dans ses décrochages par le central côté ballon sur les séquences de jeu de position).

      Après, l’abondance d’attaquants entre les lignes fait que le marquage doit parfois être échangé (par exemple quand Silva se projette et occupe le central droit).

      Pour la sentinelle, le 4-1-4-1 ne me semble pas envisageable, car l’ASM a trop besoin de ses deux attaquants dans l’axe, que ce soit offensivement ou pour le pressing.

      Cela dit, comme plan B pour les 25 dernières minutes, pour tenir une éventuelle qualif, pourquoi pas…

      • Pour Aguero, je pense avant tout à Jemerson en individuelle pure car il semble au niveau en terme de jaillissement et de vivacité. J’ai vraiment des doutes sur Raggi à ce sujet.

        Sinon je partage l’idée de conserver 2 attaquants pour maintenir la pression offensive et défensive. Peut être qu’une bascule en 4312/4132 est envisageable pour contrer le passage de City en 325?

  2. Merci pour cette analyse. On retrouve toujours les principes de Pep Guardiola. Les évolutions de l’animation offensive sont très intéressantes pour perturber l’organisation du pressing adverse. On comprend bien le choix de Fabinho comme latéral gauche pour lui permettre d’être à l’aise comme relayeur.
    Monaco a réussi à prendre le dessus à partir de La 20eme minute de jeu en première mi temps et je pense qu’ils auraient pu maîtriser le match s’ils avaient pu tenir le rythme jusqu’au bout. Est ce la stratégie de Jardim qui était trop éprouvante physiquement face à cette équipe ou est ce le manque d’habitude en Ligue 1 de jouer ce genre de match?

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