Battus 1-0, sur un but encaissé d’entrée, les hommes de Rui Vitória rentrent d’Allemagne encore en vie, et avec la satisfaction d’avoir fait le poids face à l’ogre allemand. En posant de gros problèmes tactiques au Bayern, grâce à un 4-4-2 très bien huilé, les Portugais ont conservé leur chances de qualifications, et auraient même pu espérer mieux.

Pizzi – Rui Vitória
Si les Benfiquistes sont parvenus à ramener un bon résultat de l’Allianz Arena, c’est avant tout grâce à leur pressing. En empêchant le Bayern de s’installer dans leur camp, les Portugais ont limité le jeu offensif des Bavarois, avant tout conçu pour faire exploser des bus retranché face à leur propre but.
Incapables de forcer les Lisboètes à ce repli massif, les Bavarois n’ont pas plus su procéder verticalement, face à une équipe ultra-compacte, qui n’a cessé de défendre en avançant grâce à une défense en zone de grande qualité en 4-4-2, dans un style qui rappelle le grand Milan de Sacchi.
Retour sur leur animation défensive dans les 3 tiers du terrain, et analyse de ce que le Bayern peut mieux faire au retour, pour profiter des risques pris audacieusement par les Portugais.
L’animation défensive du Benfica : pressing, zone et piège du hors-jeu
- Face à la sortie de balle du Bayern (3e tiers du terrain) :
Pour empêcher le Bayern de pratiquer son habituelle sortie de balle, Benfica a utilisé les mêmes ingrédients que les autres équipes qui ont posé des problèmes à Guardiola dans ce domaine : un bloc compact latéralement pour fermer toutes les solutions courtes du porteur, y compris celle de repasser par Neuer.
(voir le schéma ci-dessous)
- Renato Sanches est monté d’un cran pour cadrer Vidal et perturber son décrochage axial
- L’attaquant côté ballon charge le central côté ballon, en fermant l’angle vers Thiago ou Vidal
- L’attaquant côté opposé reste entre Neuer et le central opposé, prêt à jaillir sur le gardien allemand
- L’ailier côté ballon reste proche de l’axe pour orienter la relance vers l’extérieur, prêt à jaillir sur le latéral côté ballon (Pizzi sur Bernat si ballon à droite)
- Le relayeur côté ballon reste proche du relayeur qui décroche (grosse activité de Fejsa sur Thiago côté droit)
- La défense joue le hors-jeu jusqu’à la ligne médiane
Les Portugais vont causer de gros problèmes aux Bavarois grâce à ce pressing : Quand Neuer est forcé au jeu long, Nilsson (1m87) et Jardel (1m92) font largement le poids dans l’impact aérien face à Lewandowski et Müller, et le Benfica ne recule pas.

Le pressing du Benfica sur la sortie de bale du Bayern : blindage du côté-ballon avec une ligne défensive très haute et des marquages échangés de façon fluide grâce à la défense en zone (ici Renato qui lâche Muller pour isoler Vidal)
Le Bayern va toutefois s’en sortir en allant chercher l’homme libre à l’opposé (cette animation défensive abandonne le latéral opposé, et donne de la liberté au central opposé), mais même lorsque c’est le cas, Benfica va très bien s’organiser à mi-terrain.
2. À mi-terrain :
Sans vraiment charger le porteur du ballon (certainement une piste pour le retour pour le Bayern), Mitroglu et Jonas se contentaient d’isoler Vidal, alors que l’équipe s’organisait en 4-4-2 à plat, avec une compacité extrême entre le milieu et la défense (souvent 5m maximum) et en jouant le hors-jeu jusqu’à 35/40m de leur but avec beaucoup de confiance.

De l’espace dans le dos de la défense portugaise, mais très peu entre les lignes : le Bayern incapable d’en profiter par la verticalité
Le pressing du Benfica était totalement orienté zone. Peu importent les déplacements/permutations des Bavarois, les Portugais ont conservé la structure de leur bloc pour minimiser l’espace entre leurs lignes.
En resserrant un maximum l’espace entre ses joueurs, aussi bien verticalement qu’horizontalement, Rui Vitória a empêché le Bayern de faire ce qu’il fait le mieux : jouer dans les intervalles. Rapidement, on a vu Thiago Alcantara venir chercher de la liberté en dessous de la première ligne de pression, proche d’Alaba et Kimmich. La ligne défensive de Benfica continuait à monter mais les Bavarois n’ont pas été capable de lui faire mal dans son dos en jouant verticalement.
Être capable de créer le danger sur « attaque placée rapide » face au pressing Benfiquiste sera forcément une clé pour marquer au match retour. En favorisant des profils techniques comme Alaba et Kimmich, Guardiola doit aussi s’offrir ce genre de possibilité face à un adversaire qui presse haut.
3. Dans le dernier tiers :
Incapables de passer par l’axe et la verticalité pour s’installer dans le dernier tiers, les Bavarois choisissent les diagonales pour y parvenir. Vidal va chercher Douglas Costa ou Ribery sur un pas. En théorie, ça devrait faire reculer la ligne de défense du Benfica, sous la menace du centre ou du débordement.
Problème : Dans cette configuration la présence d’ailier inversé n’aide pas le jeu de centre du Bayern, malgré l’ambidextrie remarquable de Ribery, capable d’envoyer des ballons dangereux dans la surface du droit comme du gauche dans des conditions difficiles.
Une fois servis, les ailiers Bavarois sont pris par les latéraux du Benfica (Eliseu ou André Almeida) et la seule option restante est de repasser par l’arrière, ou d’aller chercher l’autre ailier par une transversale. Mais le problème est toujours le même : une fois servi, le porteur est cadré, et la ligne de défense recommence à remonter une fois qu’elle a la garantie que le centre ne va pas partir.
Même au moment de se replier, les Benfiquistes gardaient l’ambition de défendre en avançant. Ils ont été particulièrement performant au moment de « re-presser ». Quand le ballon arrivait dans les pieds de Ribery ou Douglas par les diagonales décrites ci-dessus, le porteur était immédiatement cadré par le latéral et le relayeur côté ballon venait couvrir le demi-espace : Par exemple, si Ribery était servi en diagonale, André Almeida allait sortir sur lui, et Fejsa allait venir se mettre entre son latéral et le stoppeur droit Nilsson.

Ribery cadré, Fejsa (relayeur droit) dans le demi-espace, et le reste de la défense aligné aux 16m pour mettre les cibles d’un éventuel centre hors-jeu

6 hors-jeu concédés par le Bayern, tous au moment du repli de Benfica, dont la défense remonte intelligemment pour protéger sa surface
A partir du moment ou le centre ne pouvait pas partir, les Benfiquiste ressortaient en bloc pour mettre toutes solution dans la surface hors-jeu, et le Bayern devait reculer, régressant ainsi de l’étape finale à l’étape intermédiaire de son plan de jeu offensif (du 3e au second tiers du terrain).
Un problème Müller ?
C’était déjà un des plus gros chantier de Guardiola en arrivant à Munich : trouver une place à Thomas Muller dans son animation offensive. Redoutable dans le dernier tiers du terrain grâce à sa justesse et sa finition, le Bavarois commence à être un problème à ce poste de numéro 10 du 4231. Comme on le voit sur la vidéo du pressing de Benfica plus haut, il n’est d’aucun secours dans la sortie de balle lorsqu’il évolue à ce poste.
Problème : Avec une des capacités athlétiques finalement assez limitées, l’Allemand est également inutile si le Bayern veut aller vite vers l’avant. Si l’adversaire vient presser haut, il ne peut pas aider son équipe à s’installer dans le camp adverse.
Dans un système qui montre des limites pour les pieds inversés sur les ailes, il a surement une carte à jouer en tant qu’ailier droit. En difficulté face à une charnière athlétique, Müller sera-t-il bloqué entre le banc et l’aile droite ? A voir.

Incapable d’aider son équipe à sortir le ballon par ses décrochages, Müller ne l’aide pas non-plus par la verticalité lorsqu’il joue dans l’axe. L’aile droite ou le banc ?
D’ailleurs sur l’énorme occasion qu’il obtient à la 20e minute, on constate qu’il se comporte comme un ailier droit, et que cette position fait considérablement reculer la défense de Benfica, ce qui lui permet – en finalité – de ne pas être hors-jeu. Il opère également cette fixation à droite sur l’occasion (moins franche) de Vidal de la tête. Un coup de boule rendu possible par la présence du Müller (droitier) à droite, un geste que refuse souvent d’instinct Douglas Costa, gaucher.
Un pressing Bavarois défaillant ?
Contre la Juve (comme la plupart du temps), on a vu le Bayern presser avec 2 schémas : un pressing « normal » avec Lewandowski seul face au 2 centraux, et une variante pour la sortie de balle avec Müller et Thiago qui montaient d’un cran pour venir créer un 3v3 face à Bonucci, Marchisio et Barzagli pour forcer la Juve à jeter le ballon.
Hier, on n’a pas vu cette recherche de l’égalité numérique sur la sortie de balle adverse. Sur les décrochages de Fejsa ou de Renato Sanches, seul Thiago sortait pour perturber la sortie courte, alors que l’ailier opposé abandonnait le marquage du latéral opposé pour aller récupérer le 8 opposé. Et encore, si Fejsa ou Renato venait décrocher jusqu’à sa surface, Thiago n’allait pas suivre, laissant Lewandowski et Muller en sous-sombre.
En clair, le Bayern s’organisait en 4-1-3-2, et jamais Vidal n’a lâché Jonas pour sortir sur un des deux relayeur du Benfica, et ainsi opérer un véritable pressing total pour priver l’adversaire de sortie courte (voir schéma ci-dessous).
Par peur de voir Kimmich se faire dominer dans les airs par Mitroglou ?

Le 4132 du Bayern face à la sortie de balle du Benfica : Lewandowski et Müller à 2 contre 3 ; Vidal constamment sur Jonas ; Kimmich et Alaba très bas en couverture prudente de Mitroglou
Dans tous les cas, la conséquence a été un Benfica oxygéné, capable de se sortir du pressing par le jeu long, au contraire du Bayern dans la même situation, d’où la relative maitrise territoriale des Portugais. A cet égard, il faut signaler la puissance assez rare des 6-mètres d’Ederson, capable d’envoyer le ballon à 80m de son but. Et il n’y a pas de hors-jeu sur les renvois du gardien.
De toute façon, même sur les ballons touchés par le gardien dans le jeu, la ligne du Bayern reculait, et Benfica pouvait gagner les seconds ballons grâce à ce bloc trop étendu en longueur (car la ligne est justement (trop ?) basse).
Ce qui est certain : le Bayern a aussi manqué de maitrise territoriale à cause de cette transition défensive plus basse sur le terrain.

Moins de maitrise territoriale qu’à l’accoutumée pour le Bayern, avec un pressing plus prudent, un bloc moins compact et une charnière centrale à la position moyenne plus basse sur le terrain
Pep aurait-il du demander à Vidal de venir aider Thiago sur les phases de pressing haut pour créer un 2v2 avec Fejsa et Renato ? Le gardien aurait alors directement joué sur Mitroglu, alors que le Bayern ne disposait plus du « +1 » derrière….
Sortir Kimmich serait peut-être la condition d’un pressing plus efficace au retour ?
Car force est de constater que Benfica a pressé plus haut que le Bayern sur cette première manche, et même gagné la bataille du territoire.
Cela dit, difficile d‘envisager un changement d’approche du Bayern avec la possibilité de voir la perche mexicaine Jimenez (1m90) qui pourrait commencer avec Mitroglou (1m88) au retour (Jonas suspendu). D’autant plus que les Bavarois ont maintenu cette ligne basse après l’entrée de Javi Martinez (1m90), plus à même de faire le poids dans les airs que Kimmich (1m76).
Toujours est-il que c’est cet accès au camp adverse (d’ordinaire fermé par le hors-jeu jusqu’à la médiane) qui a permis à Benfica de gagner les seconds ballons, ce qui a été à l’origine des meilleures occasions des Portugais, qui ont tiré 10 fois, dont 8 fois depuis l’intérieur de la surface.
Dans la vidéo ci-dessous, on les voit gagner petit à petit la bataille du territoire, et s’installer dans le camp du Bayern grâce au jeu long et aux seconds ballons.
Il sera intéressant de voir quelle sera l’approche défensive choisie mercredi par le Bayern, qui prendrait le risque d’ouvrir l’accès à son camp en renouvelant l’expérience de cette ligne basse.
Même si la résolution de leur soucis offensifs pourrait leur permettre de régler l’affaire en marquant les premiers.
Dans tous les cas, la partie reste passionnante car très ouverte entre 2 équipes au point tactiquement.
Victor
C’est du très bon travail.
Vous êtes une équipe ou tu es seul ?
Sylvain FerryAMOS Sport Business SchoolMaster 2 en Management des Organisations Sportives Email : sylvain.ferry@outlook.comMobile : +33 (0) 6 20 15 49 09
Date: Fri, 8 Apr 2016 19:23:05 +0000 To: sylvain10@hotmail.com
bonjour, merci beaucoup pour ton retour (et désolé pour la réponse tardive)
je fais ça tout seul.
Je veux devenir ton apprenti