Bayern – Real : Le Bayern a-t-il vraiment été trop Guardiolien à Madrid ?

Battu 1-0 lors de la première manche, le Bayern accueille ce soir le Real Madrid avec l’obligation de réaliser un match parfait. Globalement, la défaite concédée en Espagne fut l’occasion pour un certain nombre d’observateurs de pointer du doigt la manière dont Guardiola fait jouer ses équipes, après une nouvelle partie à plus de 600 passes. Un Bayern trop barcelonais, trop guardiolien. Vraiment ?

Pep Guardiola sous pression avant le retour à Munich.

Pep Guardiola sous pression avant le retour à Munich.

Dans l’animation : Oui

L’énorme séquence de possession des 10 premières minutes en est le parfait symbole : le Bayern a manqué de tranchant au Bernabeu. Tous les habituels arguments anti-tiki-taka étaient légitimement de sortie : Beaucoup d’échanges, mais finalement peu de danger, et pas vraiment de déséquilibre créé, face à un bloc bien préparé et et armé en contre.

Robben isolé à droite, Mandzukic dominé (et Schweinsteiger incapable de lui apporter son soutien) dans l’axe et Ribery neutralisé à gauche, malgré le concours d’Alaba. Sans les diagonales géantes de Kroos, pénétrer les dernier tiers du terrain eut été une mission presque impossible face au 4-4-2 compact, tendance Atlético, de Carlo Ancelotti.

Il est un peu dommage que Guardiola soit ainsi mis au banc des accusés, car tactiquement, il a procédé cette saison, à des innovations intéressantes, permettant à son équipe de ne pas manquer de verticalité. Le 4231 de l’hiver, en l’absence de Robben et Schweini, avait des faux-airs de 424.

Dans cette configuration, les présences combinées de Götze (axe droit) et celle de Muller (dans un rôle de faux ailier sur le même côté) permettaient au Bayern une accession rapide au dernier tiers du terrain. L’ancien Borussen, par sa qualité de percussion, offrait un certaine force de pénétration, alors que le pont entre le l’attaquant filiforme de la Mannschaftet Rafinha permettait une utilisation plus « essentielle » du ballon. La victoire 7-0 à Brême, en décembre dernier, alors qualifiée par Guardiola lui-même de « performance parfaite » en est la meilleure illustration.

En réalité, dans ce système, malgré de nombreux décrochages, le cœur du jeu n’était véritablement constitué que de deux hommes. Lahm, Kroos et Thiago se partageant ces deux rôles pendant la longue blessure de Schweini.

En mettant en place un vrai cœur du jeu à 3 têtes (Lahm – Kroos – Schweinsteiger) et en n’alignant ni Muller ni Götze, Guardiola s’est privé de cette capacité à progresser plus facilement sur le terrain. La semaine dernière, leurs entrées coïncident d’ailleurs avec la meilleure période du Bayern, et à sa plus belle occasion. Sur une passe de l’un pour l’autre.

Dans le pressing : Non

Si le Bayern fut trop catalanisant dans son utilisation du ballon, on ne pas vraiment dire la même chose dans son comportement défensif. C’est même plutôt le contraire. Tant dans le premier pressing, que dans le comportement des 4 de derrière.

A Barcelone, Pedro et Villa multipliaient les sprints défensifs pour pourrir la première relance adverse et couper sa relation avec les côtés et le cœur du jeu. Géographiquement, ce rôle revient à Ribery et Robben si l’on calque brutalement le schéma du Barça de 2011, sur celui du Bayern de 2014. On n’a jamais vu ces courses conquérantes de la part du Français et du Néerlandais à Madrid.

Cette « timidité » est d’autant plus regrettable que le 4-2-4 de l’hiver offrait parfois des séquences de pressing tout terrain intense. A 4 et sur toute largeur de la première relance, les latéraux étant bloqués haut par les ailiers, alors que le duo axial venait presser jusqu’au gardien adverse.

La présence du seul Mandzukic au pressing a eu plusieurs conséquences néfastes pour le Bayern, notamment la possibilité pour Madrid de procéder à de véritables attaques placées sur la largeur. Le Bayern devra presser plus haut, plus dur et plus en nombre pour priver le Real de ces respirations nécessaires à sa survie. D’autant plus à l’extérieur, et dans un contexte où la qualification peut changer de camp en un but.

Seul Mandzukic presse alors que le ballon est dans les pieds de Pepe. Tout le bloc rouge recule et déjà 5 joueurs sont dans leur propre camp.

Seul Mandzukic presse alors que le ballon est dans les pieds de Pepe. Tout le bloc rouge recule et déjà 5 joueurs sont dans leur propre camp.

Déjà, avant l’ouverture du score, le ballon était récupéré assez bas par une défense bavaroise pas assez conquérante. Tôt dans le match, on a vu Benzema pouvoir enchainer contrôle poitrine et passe dans une zone totalement libre, entre un Lahm qui ne lui dispute pas le ballon dans les airs, et un back four qui recule.

Sur certaines séquences, c’est même le cas de toute l’équipe de Pep Guardiola. Alors, le ballon est tout de même récupéré, mais trop bas. Et cela se ressent sur l’animation. En récupérant à cette hauteur, le Bayern part de trop loin dans la construction pour placer ses attaques de façon assez tranchante pour casser les deux lignes compactes du 442 madrilène.

Les Bavarois paient ce mauvais comportement défensif sur l’ouverture du score. Entre le tir de Kroos contré par Pepe et le but Benzema, seul Lahm attaque le ballon. Jamais les rouges ne pressent, jamais ils ne défendent en avançant, jamais un blanc n’est pris à deux. Quand Ronaldo reçoit la passe d’Isco, il peut enchainer 3 touches de balles, avant de servir Coentrao, couvert de 3 mètres par Boateng et Dante. Le Portugais ne s’est pas fait prier pour attaquer l’espace offert par cette couverture inopportune. Sa passe pour Benzema sera décisive.

recul ouvre espace coentrao

Le Bayern a défendu en reculant à Madrid. L’espace offert à Coentrao sera fatal.

Une défense mal alignée et incroyablement basse que les Bavarois auraient pu (re)payer à la 25e minute, passant tout près du désastre sur la demi volée de Ronaldo.

A ce moment-là, Guardiolista ou pas, dur de donner tort à Beckenbauer, quand il dit que le Bayern est chanceux de n’avoir pris qu’un but à Madrid.

La (seule) solution pour passer ?

Pour atteindre sa troisième finale consécutive, le Bayern devra retrouver du tranchant dans le dernier tiers et de la verticalité dans l’animation. Autrement, il risque de se casser les dents, face à un entraineur et des cadres (défensifs) qui connaissent la musique à ce niveau de la compétition.

En comparant la performance défensive du Bayern de Pep avec les récitals de pressing auquel son Barça nous avait habitué, on ne peut pas vraiment dire qu’il soit allé au bout de ses idées à l’aller. Plutôt que d’avoir été kamikaze, son tord et d’avoir cédé au compromis, alors que son équipe traverse un temps faible ces dernières semaines.

Le Bayern avait fait exceller cette combinaison (indissociable) du pressing et piège du hors-jeu à City, lors d’un retentissent succès en phase de groupe. Pour passer, il devra s’en inspirer et resserrer les lignes par le haut (7 hors-jeu pour City ce jour-là). Risqué certes, mais les Bavarois se sont mis tout seuls face à cet ultimatum. Et puis le risque n’est-il pas inhérent à la philosophie de jeu de Pep Guardiola ? Juan Manuel Lillo, l’un de ses formateurs, déclarait en 2011 au magazine Fourfourtwo : « Nous partageons la même optique : Le plus grand risque est de ne pas en prendre ».

Le Bayern devra retrouver cette compacité essentielle à l’étouffement réel et total de l’adversaire. Le Barça l’a prouvé dans ses échecs ces dernières saisons : Quand la possession est la seule manière de défendre, il y a toujours un déséquilibre. Car comme le dit le technicien Catalan : « La possession pour elle-même, n’est rien du tout ».

Victor

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s