- Le jeu de position catalan totalement a été contenu par l’animation défensive de Chelsea
- Le Barça de Valverde a connu de gros problèmes structurels pour s’adapter au 3-4-3 de Conte
- Les phases de transitions ont fait la différence sur les 2 buts…
- … Et auraient pu coûter plus cher au Barça

Homme du match, Willian a posé d’énormes problèmes au Barça, par sa qualité et son positionnement
Le jeu de position du Barça totalement contenu
Organisés dans le 3-4-3 qui les a menés au Titre l’an dernier, les Londoniens ont récité la partition défensive qui a fait leur force dans ce système : Un 5-4-1/5-2-3 en zone, qui a totalement annihilé le jeu de position du Barça.
Le Barça était organisé en 4-4-1-1 avec Paulinho et Iniesta en ailiers intérieurs derrière Messi et Suarez, devant un double pivot Busquets – Rakitic. Comme d’habitude, Sergi Roberto et Alba opéraient très haut dans les couloirs pour étirer le bloc adverse.
Avec ses 5 défenseurs, Chelsea était prêt à gérer cette largeur imposée par le Barça : Alonso et Moses se tenaient prêts à sortir sur Sergi R et Alba sur le temps de passe, le latéral opposé venant resserrer comme un 4e défenseur.

Le 5-4-1 de Chelsea dans son camp : Pedro presse Pique dans le halfspace, Alonso prêt à sortir sur Sergi R sur le temps de passe, Moses vient resserrer à l’opposé
En cas de passe verticale dans l’axe, chaque Barcelonais placé entre les lignes était chargé sur le temps de passe par un central de Chelsea, qui bénéficiait systématiquement d’une couverture avec 3 défenseurs centraux.
Kante et Fabregas étaient prêts à sortir sur Rakitic et Busquets, ou à récupérer Messi ou Iniesta si ceux-ci venaient dans le cœur du jeu. Sur les phases de repli ou les centres, ils venaient resserrer pour densifier l’axe.
Plus haut, Hazard isolait Busquets, alors que Willian et Pedro faisaient face à Pique et Umtiti dans les half-spaces, en se tenant prêts à récupérer Iniesta ou Rakitic en cas de décrochage.
Aux latéraux les ailes, et aux ailiers intérieurs les half-spaces, le tout en zone, pour ne pas être déstructuré par le mouvement de l’adversaire.

Le 5-4-1 de Chelsea en phase défensive : densité axiale, ailiers dans les half-space et latéraux prêt à sortir dans le couloir sur le temps de passe
Appauvri techniquement par le remplacement (numérique) de Neymar par Paulinho, le Barça n’avait en plus pas un schéma favorable à la triangulation, avec beaucoup de joueurs sur les mêmes lignes horizontales.
Chelsea en difficulté sur sa transition offensive basse
Cela dit, dans cette configuration très basse, les solutions vers l’avant ne sont pas légion pour Chelsea au moment de passer de la défense à l’attaque, après des récupérations souvent très basses par l’un de ses centraux.

Exemple de récupération très basse de Chelsea : Azpilicueta, couvert Christensen, intercepte la passe en profondeur d’Iniesta à 8m de la ligne de but.
Avec souvent 9 (5+4) joueurs impliqués très bas dans la récupération du ballon, les Blues se trouvaient sans solution au moment de rebasculer à l’attaque. Ainsi, les ballons récupérés bloc bas par les Blues furent quasi-systématiquement rendus, d’où la longueur des temps forts du Barça, en dépit de leur stérilité (73% de possession, seulement 7 tirs, pas tous sur attaque placée).
Les Lions ont récupéré 51% de leurs ballons dans leur dernier tiers, le Barça seulement 27%.

Chelsea a récupéré (et perdu!) beaucoup de ballons très bas sur le terrain
Chelsea paiera indirectement cette absence de solution sur l’égalisation de Messi, après une perte de balle de Christensen, cherchant Fabregas dans l’axe.
Des solutions existaient certes à l’opposé (Moses et Azpi), mais les diagonales à aller chercher pour toucher le latéral ou le central opposé passent par des zones à risques.

Quelques secondes avant l’égalisation : Christensen doit aider Chelsea à re_basculer à l’attaque. Les solutions existent à l’opposée, mais le moindre déchet se paie comptant dans ces zones du terrain.
Un point faible également exploité par United dimanche, sur le but de l’égalisation :

Chelsea paie sa mauvaise transition offensive basse contre United : Drinkwater tente de dégager, mais la transition défense-attaque est sclérosée par Lukaku, alors que les 8 de United sont prêts à charger Willian et Hazard
La supériorité positionelle des attaquants de Chelsea
Avec 8 ou 9 joueurs derrière le ballon au moment de récupérer, l’objectif (ou plutôt l’impératif) pour Chelsea – à la transition, était donc d’aller toucher ses ailiers dans les half-spaces.

Récupération de Willian, le Brésilien n’a pas d’autre solution qu’Hazard dans le halfspace gauche
Sur ces phases de transitions défensives, les Catalans ont été en grande difficulté.
Ils gardaient une large supériorité numérique mais les positions intermédiaires de Willian, Pedro et Hazard (entre les 4 défenseurs) les empêchaient de pouvoir intervenir pour couper les contres. Les rôles n’étaient pas clairement définis sur les phases de transitions et Chelsea s’est sorti du piège.

La transition offensive de Chelsea avant le premier poteau de Willian (33e) : La passe de Willian pour Hazard est ultra-prévisible (seule solution) mais le Belge tire profit de sa solitude dans le halfspace, entre Pique et Sergi Roberto. Il pourra temporiser et resservir le Brésilien, créant le premier coup de chaud sur le but de Ter Stegen.
L’hésitation laissant place au recul frein dans la tête des défenseurs barcelonais, Willian, Hazard ou Pedro pouvaient être servis dans les pieds et se mettre face au jeu.
Ce circuit de Chelsea était ultra-prévisible pour Barcelone, mais il a quand même fonctionné.
Les transitions offensives de Chelsea / défensives du Barça menant aux poteaux spectaculaires de Willian, et au but, indirectement.
Une fois libéré du contre pressing, Chelsea pouvait enfin prendre ensuite appui sur Moses ou Alonso, et ainsi se réorganiser pour passer au jeu placé en 3-4-3 /3-2-5. Laissant entrevoir d’autres soucis défensifs pour le Barça.
Le Barça trop bas
Comme on le voit dans la vidéo ci-dessus, face au jeu de position de Chelsea, le Barça se trouvait face aux mêmes problèmes structurels que beaucoup de défenses à 4 qui ont affronté le 3-4-3 de Conte (notamment Tottenham l’an dernier à l’aller) :

Gros problème structurels pour un 442 en zone face au « 3-2-5 » de Conte en attaque placée : 5 attaquants dans les intervalles, et un 3v2 créé de fait face à Messi et Suarez pour sortir le ballon. Pour les défenseurs, l’échange des marquages devient vite problématique.
Sur les séquences de jeu placé, Chelsea oppose 5 attaquants au Barça. Au moment où Alba sort sur Moses, Umtiti et Pique se trouvent en 2v2 avec Hazard et Willian.

Rüdiger profite de sa liberté pour avancer balle au pied. Sergi Roberto est attiré au large par Alonso. Pique ne peut pas se jeter sur Pedro sous peine de laisser Umtiti et Alba en 2v2 avec Hazard et Willian, sans parler de Moses à l’opposé
À ce moment, les défenseurs catalans n’osent naturellement pas monter pour mettre les attaquants hors-jeu et ainsi fermer l’accès à la surface. Ça aurait pu leur couter un penalty, sur l’intervention douteuse d’Umtiti sur Hazard.
Rakitic – Busquets et les (2) transitions
La deuxième frappe sur le poteau de Willian vient d’un coup franc vite joué verticalement par Alonso après une nouvelle transition offensive bien gérée par Chelsea.
Là encore, le 4-4-1-1 barcelonais est gêné structurellement par le 3-4-3 de Conte : Rakitic et Busquets défendent sur la même ligne, et quand le ballon est repoussé par Alba, aucun ne couvre l’autre et le second ballon est pour Willian.
Ce positionnement du double pivot a également perturbé :
– la transition offensive : Situés sur la même lignes, ils ne pouvait pas trianguler pour repartir convenablement à l’attaque.
– l’animation défensive dans sa globalité : une passe verticale bien sentie, ou un coup de rein de Willian suffisait à éliminer d’un coup le Catalan filiforme et le Croate peroxydé.
Sur l’action du premier tir sur le poteau, une passe verticale élimine les 2 d’un coup.
Chelsea doit confirmer, le Barça mieux s’adapter
Si Chelsea a passé beaucoup de temps à subir, la transition offensive basse reste la seule phase du jeu sur laquelle les Blues ont véritablement été mis en difficulté.
Les positions intermédiaires des ailiers ont posé des gros problèmes au Barça sur les phases de transition défensive et face au jeu placé de Chelsea. Sergi Roberto et Alba ont connu le même calvaire que beaucoup de latéraux face au 3-4-3 de Conte, conçu pour fuir leur marquage et les rendre inutiles défensivement.
Match nul niveau transitions, avantage Chelsea pour le match attaque défense, et également des soucis pour Barcelone face au jeu placé de Chelsea :
Pour réaliser l’exploit, les Blues devront d’abord maintenir leur qualité défensive au Camp Nou.
En s’appuyer sur leurs accomplissements offensifs, ils peuvent rêver d’un but à l’extérieur qui redistribuerait les cartes.
Les Barcelonais devront avoir un meilleur plan pour aller chercher Willian, Hazard ou Pedro dans les « zones mortes » (c’est à dire les half-spaces), et mieux défendre que ce soit face au jeu placé ou sur leur transition défensive.
Victor Lefaucheux
Super article! J’y ai appris beaucoup sur l’utilisation des half space par Conte.
Comme vous le dites en conclusion, on peut tout de même penser que Valverde va faire quelque chose pour bloquer les half space. Je ne pense pas que ce soit en mettant un homme de plus derrière, ce serait plutôt en bloquant les lignes de passes au milieu (retour du 4-3-3?).
Merci beaucoup.