Saint-Etienne 1-4 Nice : L’ambitieux losange niçois

Sensation offensive du début de saison, le GYM de Claude Puel régale en 4-3-1-2. Une jeunesse talentueuse qui s’exprime dans une recette latine qui commence sérieusement à prendre, avec 13 buts en 3 matchs, et la meilleure attaque du championnat. Sortis des méandres de BeIn Max, les Niçois étaient sur Canal dimanche soir. L’occasion de détailler leur ambitieux plan de jeu.

Une jeunesse dorée, encadrée par des cracks vintage en état de grâce, la hype #OGCN2016 n’est pas galvaudée

Une jeunesse dorée, encadrée par des cracks vintage en état de grâce, la hype #OGCN2016 n’est pas galvaudée

4-3(1-2) : Relance Barça

Organisé autour du trident Mendy – Seri – Koziello le Gym se distingue cette année par un football de possession, basé sur le jeu court et la qualité technique de son cœur du jeu. 22 ans et 1m67 de moyenne pour les 3 organisateurs niçois, autour desquels les triangles se dessinent, permettant au ballon de circuler sur la largeur.

Mendy décroche, la défense – menée par la technique de Bodmer, et le pied gauche de Le Marchand – utilise toute la largeur du terrain, pendant que Seri et Koziello décrochent pour aider à une sortie de balle propre autour de ce 4+3 qui forme 7 triangles de jeu court.

Sur les côtés, Jeremy Pied (ailier de formation) et le talentueux (et ambidextre) Ricardo Pereira (prêté par Porto) attaquent les couloirs qui leur sont octroyés de fait par ce 4-4-2 en losange. L’OGCN pose patiemment son jeu, fixe sur un côté, puis renverse de l autre, en se basant sur les circuits offerts par ce schéma très catalan.

Meilleure attaque de Ligue 1 (3e d’Europe !) (20 buts), le GYM est également présent dans le top 5 de toute les catégories statistiques caractérisant son style offensif (ci-dessous buts sur attaque placée, possession, passes courtes et passes réussies/match).

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Cela dit, un 4-3-1-2 n’est pas un 4-3-3, et les latéraux ont parfois été esseulés dans leurs couloirs, avec un 2-1-2-1-2 formés par 8 joueurs axiaux, ce qui a pu perturber le jeu de position niçois.

6 triangles existent à la relance entre la défense à 4 et le milieu à 3, mais le duo d’attaque ne fait pas forcément le lien, et ne forme pas de triangle supplémentaire (comme ce serait le cas dans un 4-3-3).

Les triangles se forment derrière, mais le canal latéral-attaquant n’existe pas forcément, ce qui peut perturber le passage de la relance à la construction du jeu

Les triangles se forment derrière, mais le canal latéral-attaquant n’existe pas forcément, ce qui peut perturber le passage de la relance à la construction du jeu

(4-3)1-2 : un duo et un trequartista 

En contre partie, centrer ou jouer plus direct/vertical devient une option intéressante, avec un 2v2 créé de fait avec la charnière adverse par le duo d’attaque, sans parler des projections éventuelles de Seri ou Koziello, créant un 3v3 si le latéral opposé vient en aide à sa charnière face aux 2 attaquants niçois présents dans la surface.

Dimanche soir, Nice marque 2 de ses 3 premiers buts sur des centres de ses latéraux, et tue le match sur un contre. Ce que Puel perd en contrôle dans la sortie de balle, il le gagne en présence dans la surface sur les centres, et en menace dans la profondeur.

Face à Bordeaux, comme face à Monaco lors de la première journée, l’ouverture du score vient d’un coup de tête de Germain au premier poteau. L’un des 3 attaquants (souvent Ben Arfa) dézone latéralement à la manière d’un Trequartista pour créer les conditions du centre (en contestant le 2v1 créé par l’adversaire face à Pied ou Pereira).

un 10 mobile sur la largeur et deux pointes ?

un 10 mobile sur la largeur et deux pointes ?

Pendant ce temps, l’égalité numérique créée par les 2 autres attaquants avec la charnière adverse fait planer la menace aérienne dans la surface, offrant une option supplémentaire pour finir les séquences, différente de la combinaison axiale.

Un avantage théorique du 4-3-1-2 sur le 4-3-3/4-6-0. On se souvient d’un Barça impuissant au Calderon en 2014, centrant en vain alors que personne n’occupe la surface, étant donné que Messi jouait faux 9.

Finalement, si l’OGCN est statistiquement l’équipe qui marque le plus sur jeu placé, elle peut finir – en plus des centres – ses séquences d’une façon assez verticale et axiale, grâce à la présence et la verticalité offertes par son duo d’attaque, et notamment par les qualités athlétiques de Plea, formé à l’OL et qui n’est pas sans rappeler un certain Thierry Henry dans son attitude, sa taille, ses qualités et son langage corporel. À ses côtés, Germain brille également par sa qualité d’appel. Si la projection des 8 est une arme en attaque placée, elle l’est aussi en contre, comme l’a prouvé le but de Seri, qui clôt le suspense dimanche soir, après une séquence de repli défensif.

En concluant 28% de ses séquences par une passe de l’axe vers l’axe, Nice est l’équipe la plus « verticale » de Ligue 1 derrière le PSG, une possibilité offerte par les appels verticaux des « 2 » du 4312

En concluant 28% de ses séquences par une passe de l’axe vers l’axe, Nice est l’équipe la plus « verticale » de Ligue 1 derrière le PSG, une possibilité offerte par les appels verticaux des « 2 » du 4312

Un plan défensif plus prudent…

En phase défensive, l’OGCN s’organise en 4-3-3, les « 2 » du 4-3-1-2 devenant des ailiers. Le plan défensif de du GYM est plus prudent que son plan offensif. Le pressing ne s’opère pas au delà d’une ligne imaginaire à 40m du but adverse (voire la ligne médiane), et l’adversaire peut parfois manœuvrer à sa guise et passer à l’attaque de position sans être trop inquiété.

Cette approche a parfois couté cher aux Niçois, notamment à Troyes, où leur passivité défensive (et leur station basse) a laissé s’exprimer la verticalité agressive des hommes de Jean Marc Furlan. Les Aiglons sont d’ailleurs la 3e équipe qui concède le plus de corners en Ligue 1 (en moyenne 6 par match), ce qui est relativement paradoxal étant donné leurs stats de possession (et dangereux vus leurs petits gabarits).

Ils passent à la caisse à la suite d’un corner chez les Verts. Une séquence sur laquelle Mendy et Koziello sont « aux poteaux » et couvrent Perrin sur la frappe lointaine de Lemoine, une attitude qui témoigne d’une certaine prudence, même sur une phase arrêtée défensive (les équipes qui ne mettent pas de joueur au poteau le font pour jouer le hors-jeu une fois le ballon dégagé). Dans le jeu, la défense niçoise, n’est pas non-plus spécialement portée sur le hors-jeu et en fait concéder entre 0 et 2 à son adversaire par match.

Avec une arrière-garde jeune et décimée, qui commence à peine à enchainer les matchs, Claude Puel a-t-il les moyens individuels de défendre comme Guardiola ? Pas forcément. A voir si ne pas le faire (presser haut, jouer le hors-jeu) est la meilleure chose à faire d’un point de vue stratégique.

Le double-plan de l’OGCN : 4312 axé sur la construction en phase offensive, 433 axé sur le repli en phase défensive, avec beaucoup (trop ?) de liberté laissée aux centraux adverses

Le double-plan de l’OGCN : 4312 axé sur la construction en phase offensive, 433 axé sur le repli en phase défensive, avec beaucoup (trop ?) de liberté laissée aux centraux adverses

En tout cas, être trop passif peut couter cher au Gym. Sur le ¼ d’heure entre l’ouverture du score niçoise et le but de Lemoine, la possession est stéphanoise, avec un plan défensif qui laissait beaucoup de liberté à Perrin et Pogba (les centraux vert).

Assez paradoxal : alors que Gym fait une énorme impression dans l’utilisation du ballon : Perrin touche 2 fois plus de ballon que Bodmer, à cause du faible pressing

Assez paradoxal : alors que Gym fait une énorme impression dans l’utilisation du ballon : Perrin touche 2 fois plus de ballon que Bodmer, à cause du faible pressing

… Mais une transition parfaitement gérée grâce au cœur du jeu à 3

Cela dit, avec 3 (voire 4 avec le 9 du 433) joueurs proches les uns des autres, l’OGCN s’assure un gros surnombre au cœur du jeu, face au 4231, souvent utilisé en Ligue 1. A 3 contre 2, voire 4 contre 2, les aiglons resserrent rapidement et s’assurent une récupération et une transition offensive efficace, même si elle n’est pas nécessairement haute.

Pour autant, c’est une fois installés dans le camp adverse par leur jeu de position que les rouge et noir peuvent faire parler leur transition défensive et récupérer des ballons dans le camp adverse. C’est aussi ce qui aura participé à l’énorme impression de maitrise collective donnée dans le Chaudron. 

Jeunes et ambitieux…

Alors que se profile la deuxième trêve internationale, l’OGCN de Claude Puel est incontestablement la sensation offensive de ce début de saison. Loin de idées reçues qui lui collent à la peau depuis son passage à l’OL, le technicien azuréen a bâti un projet de jeu ambitieux, et son équipe est extrêmement plaisante à voir jouer.

Bien encadrée par les Bodmer, Germain, Ben Arfa, la jeunesse niçoise – promue par la politique du club – exprime tout son talent dans une formule offensive dans laquelle HBA est un leader d’attaque en état de grâce.

Nice a aussi des points faibles – inhérents au jeune âge des cadets de cette saison de Ligue 1 – mais si les résultats ne sont pas venus tout de suite, les idées sont là depuis le début. Alors, dans une période où tous les concurrents du PSG sont en dedans, pourquoi ne pas rêver, à défaut de s’enflammer ?

Victor

Bonus / Plaisir : les séquences de possession sur la largeur avant la mi-temps :

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4 réponses à “Saint-Etienne 1-4 Nice : L’ambitieux losange niçois

  1. J’attendais un nouvel article sur surement un des meilleurs site d’analyse tactique, je suis pas déçu, super, en espérant juste en voir plus souvent… Merci mec….

  2. Merci et bravo, c’est très clair.

  3. Très belle analyse: c’est clair, intéressant et bien écrit. On en redemande

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