Paris a raté l’occasion de mettre Monaco à 5 points à la trêve. D’abord très dominateurs grâce à leur jeu de couloir, les Parisiens ont ensuite subi la loi du LOSC, à l’initiative d’un bon pressing haut. Sur les trois périodes qu’on peut distinguer de ce match, Paris en aura dominé 2. Sans assez d’efficacité pour passer devant.
Le 4312 lillois ouvre les côtés parisiens
Lille se présente au Parc dans sa configuration habituelle cette année. En 4312. Cette organisation en losange, assez en vogue en ce moment – permet aux Lillois de compter sur deux 3 vs 3 intéressants : dans le cœur du jeu (Balmont-Mavuba-Gueye contre Ibra-Matuidi-Verratti) et sur la relance parisienne (Roux-Martin-Kalou contre Alex-Motta-Silva). Le hic (prévisible) : les côtés. Avec cette grande densité axiale, le LOSC abandonne un espace considérable aux deux latéraux, très offensifs, du PSG. On l’a vu cette année dans les matchs où Paris a été mis en échec. Pour résister face à lui, c’est les côtés qu’il faut bloquer, en s’appuyant sur un bloc large. Tout l’enjeu de la partie pour le LOSC était donc de tenir la largeur avec ce milieu à trois. Car une fois le premier trio Lillois dépassé, les diagonales s’ouvraient au cœur du jeu parisien, renforcé par les décrochages de Zlatan.
Finalement, si Paris met Lille sous pression en récupérant assez haut et ayant souvent la possibilité de trouver ses latéraux, il faut attendre la 22e minute pour voir le PSG tirer au but, par Lavezzi, servi par Digne. Avant cela, quelques mouvements venus de la droite avaient donné à Ibra et Lavezzi de difficiles positions de tir en pivot. Si Lille tient, c’est aussi grâce à l’activité colossale de ses trois milieux. Le relatif abandon des côtés et l’allure « 7+3 » du bloc lillois les a forcé à colmater les brèches sur la largeur et presser le cœur du jeu adverse en défense. En plus de ce souci de largeur, les deux pistons lillois devaient être parfaitement coordonnés avec leurs latéraux en phase défensive. Sans parler des allers-retours auxquels ils devaient consentir sur les contres… Sur l’action qui amène l’occasion de Lavezzi, on constate que Gueye est totalement obsédé par Lucas et par son poste de deuxième latéral gauche. Naturellement, Balmont est attiré vers l’axe et le trou se crée sur l’aile de Digne. Pendant 10 minutes, le LOSC va beaucoup souffrir de son manque de latéralité défensive face aux deux latéraux du PSG. Ce temps fort parisien est conclu par le coup-franc de Zlatan.
Zlatan réveille le LOSC
A ce moment-là, rares sont ceux qui donnent cher de la peau du LOSC. Privés de ballon, incapables de perturber la première relance parisienne, pris sur la largeur et donc menés : les Dogues sont complètement dos au mur. Le pittoresque incident de la 41e n’aura qu’une seule conséquence : remettre les Lillois dans un match qui lui commençait à totalement leur échapper. Réveillés par cette échauffourée collective, les hommes de Girard, montent d’un cran et activent un gros pressing. Mavuba vole avec autorité un ballon à Verratti dans le cœur du jeu. Le français percute et le LOSC se retrouve en 6 contre 6. Après un bon relais avec Balmont, Kalou trouve le capitaine nordiste au second poteau. 1-1. Finalement, à la mi-temps, le LOSC s’en sort très bien : En proposant un milieu à trois tout en attendant Paris plutôt bas, Girard a pris le gros risque d’ouvrir ses côtés au PSG. La disposition en 1-2, donc plutôt axiale de son attaque, a renforcé la manque de latéralité de son bloc. Les Lillois ont eu quelques opportunités en contre, mais c’est bien en prenant l’initiative du jeu et en prenant le PSG haut qu’ils l’ont mis en danger.
Kalou-Martin, suite du temps fort lillois
Boostés par ce temps fort, les Dogues commencent la seconde mi-temps comme ils ont fini la première. En prenant le jeu à leur compte. Martin va avoir un gros impact sur le 2e but. C’est lui qui est au pressing sur Lucas et Verratti sur la récupération qui va amener le penalty. Le contre va se transformer en attaque placée à l’initiative de l’agressif pressing tout-terrain déclenché par Roux et Kalou. Le bon pressing de l’ancien Brestois force Alex à dégager rapidement dans l’axe. L’attaque placée sur la largeur se termine dans le dos de Digne. L’ancien Lillois fait faute sur Beria, parfaitement servi dans l’espace par Martin. Kalou transforme et voilà le LOSC qui conclut un temps fort de même pas 10 minutes, à cheval sur les deux mi-temps, en passant devant au score.
Paris se rue logiquement à l’attaque après ce but. Le match gagne en intensité et le LOSC souffre, commentant beaucoup de fautes. La blessure de Beria sur le penalty pousse Girard à utiliser son premier changement en faisant entrer Sidibé à sa place. En tout cas, notamment à l’initiative des rushs de ses joueurs les plus athlétiques (Matuidi, Lavezzi), Paris accélère, percute, et le LOSC souffre.
Les changements de Blanc / les choix de Girard
Blanc prend une option très offensive en seconde période. Il sort Alex pour Pastore, replaçant Motta en défense centrale, comme il l’avait fait à Saint-Etienne. Devant, Paris s’organise dans un genre de 4231 avec Flaco en 10 derrière Zlatan, Lucas à gauche et Lavezzi à droite. Côté Lillois, Martin est remplacé poste pour poste par Rodelin. Le cœur du jeu des dogues reste intact. Dans le match du milieu, Paris commence à sérieusement prendre le dessus. Verratti fend la défense lilloise en solo à la 70e. S’en suit une grosse séquence de souffrance conclue par un but cafouilleux mais logique sur corner. L’action de Verratti – si elle ne doit rien à personne – est la conséquence d’une perte de balle de Mavuba dans le camp parisien. Globalement, Paris a pris la mesure de Lille physiquement en deuxième mi-temps.
En choisissant de conserver son organisation tout en laissant ses trois milieux sur le terrain, Girard a peut-être pris le risque de trop, même si son audace avait jusqu’alors été récompensée. En même temps la seule solution qu’il avait pour le densifier était le jeune Delaplace, 6 matchs en Ligue 1… Finalement, malgré une fin de match un peu fofolle, les choses en reste là.
Mention spéciale : Mavuba – Balmont – Gueye
Paris s’est donc vu proposer une opposition inédite cette année avec ce 4312, et n’a pas gagné, à défaut d’avoir totalement été mis en échec. Opposition inédite dans l’organisation, mais surtout dans l’animation, car c’est en allant chercher très haut les Parisiens que les Lillois sont revenus, puis sont passés devant dans ce match. Dans ce 41212 qui laissait beaucoup de champ aux latéraux, c’était le seul moyen d’y parvenir.
Cette année, les équipes qui ont tenu tête à Paris l’avait fait avec des blocs défensifs assez larges, à la station basse ou médiane, formés de 4, 5 ou 6 têtes. Le LOSC a réussi à le faire avec seulement trois hommes. Au delà du bon comportement général de l’équipe nordiste, notamment de sa charnière centrale, la clé de la résistance – et par séquences, de la domination – Lilloise était l’activité colossale du trident Balmont – Mavuba – Gueye, qui ont tous les trois joué tout le match. Efficace dans la compensation défensive, et permettant une transition de qualité grâce à un alliage verticalité/caisse/justesse, bien illustré par le but de Mavuba, sur lequel Balmont se projette bien vers l’avant.
Lucas – Lavezzi
Côté Parisien, les doigts se pointent vers Lucas et Lavezzi. Le Brésilien n’a pas été assez percutant dans le 1 contre 1 – son point fort – face à Rozenhal et Basa, qui ont accompli une grande performance défensive. S’il a plusieurs fois été un point d’appui correct, trouvant quelques décalages intéressants, l’ailier Pauliste n’a pas eu assez d’impact dans la percussion. Victime de son registre trop exclusif et incapable de faire du Pedro en étant utile en piquant dans l’axe, il est l’un des (voire le) grands sacrifiés du 433, dans lequel Van der Wiel est le joueur chargé d’étirer le bloc en largeur, contrairement au 442, dans lequel c’est à lui de le faire.
Le latéral néerlandais a reçu presque 2 fois plus de passes que son ailier (56 contre 30). A noter que sur les 30 ballons reçus par Lucas, 11 viennent de Van der Wiel. Inutile de préciser qu’il est, à ce moment là, un point d’appui, plus qu’un joueur qu’on sert dans la course. Même s’il a mal exploité les rares ballons qu’il a eu à jouer dans ces conditions. Replacé en deuxième mi-temps sur un couloir gauche qui ne sera jamais le sien, le Brésilien n’a pas plus pesé sur la rencontre.
On peut dire à peu près la même chose de Lavezzi. L’Argentin a ouvert quelque fois la porte à Matuidi en étirant la largeur grâce à son habituel tonus, mais il s’est encore montré trop brouillon et inefficace dans la finition. Il a tout de même été assez précieux pendant le gros temps fort parisien après le 1-2, subissant plusieurs fautes et créant pas mal de décalages à la force du cuisseau. On peut aussi signaler l’entrée très positive de Menez qui a immédiatement créé plusieurs situations dangereuses après son entrée. Pour son dernier match sous les couleurs du PSG ?
Victor