Visage d’un Bournemouth tonitruant, Antoine Semenyo affole la PL, dont il est possiblement, actuellement, le meilleur joueur. Avec 6 buts et 3 passes en 7 matchs, l’ailier ghanéen, archétype de la version moderne du poste, se montre létal. Avec son profil aérien, plus proche de Lewandowski que de Robinho, Semenyo s’inscrit dans la tendance de joueurs offensifs moins véloces mais plus efficaces, au centre de gravité assez haut. L’ailier cherry table sur sa morphologie élancée et ses longues jambes pour dégainer rapidement et puissamment, et ainsi recruter l’imprévisibilité qui le rend ingérable pour les défenseurs du Royaume.

1m85. Si le chiffre peut surprendre pour Robert Lewandowski, qu’on croirait aisément plus grand, il produit le même effet pour Antoine Semenyo, qu’un micro-trottoir footbalistique suffirait certainement à faire osciller autour du mètre 75. Le neuf polonais et l’ailier ghanéen font pourtant exactement la même taille. Un élément anecdotique, introductif au profil morphologique et aux préférences motrices de Semenyo, très loin de l’archétype du feu follet africain, rapide et au centre de gravité très bas.

Joueur le plus décisif de PL après Haaland, Semenyo explose ses compteurs d’efficacité cette saison. Dès la première journée, le doublé, qui ramène Bournemouth à hauteur à Anfield témoigne des aptitudes – et indirectement des inaptitudes – de Semenyo, sur lesquelles tout son jeu est calibré. Tout comme Lamine Yamal, c’est sur l’efficacité de ses tirs – et la menace qu’elle représente – que le Ghanéen table pour faire des différences, qui sont plus des feintes de frappe ou centre, que de véritables dribbles.

Dit le plus simplement possible : tout attaquant doit être capable de générer une frappe, soit puissante soit précise. A ce moment, la taille des jambes (plus souvent grandes chez les profils aériens, comme CR7, et courtes chez les terriens, comme Messi) marquent une distinction, à la fois d’objectif et de méthode.
Si les profils terriens et courts sur patte, comme Hazard, ont une pelotée d’avantages dans le jeu, et sont donc aptes à abaisser leur centre de gravité, pour travailler le ballon à leur guise, ils sont contraints, pour frapper puissamment, de recruter une forme d’élan pour générer l’énergie cinétique qui va donner au ballon la vitesse nécessaire pour faire mouche.
D’ailleurs, on le voit avec les buts lointains iconiques de Messi ou Hazard : ce ne sont pas tant des frappes puissantes que flottantes que les deux cracks courts sur pattes envoient.

Cette capacité à recruter le poids (du haut du) corps, en se penchant, est incompatible avec les profils aériens comme Doué, Olise et consorts, à laquelle Semenyo appartient, du haut de son mètre 85.
On le voit bien ci-dessous : la technique de tir du terrien Hazard n’a rien à voir avec celle de l’aérien Doué. Le Belge doit se baisser, et – même avec de l’élan ! – sa frappe (qu’il a choisi d’enrouler) est moins puissante que celle du cyborg du Maine-et-Loire, bien que leurs ballons nettoient – à 9 ans d’intervalles – à chaque fois les lucarnes respectives de Lloris et Martinez.
👉 Le terrien recrute la chaine musculaire antérieure, dont la fonction est la flexion (quadriceps, psoas, pectoraux)
👉 l’aérien, lui, recrute la chaine postérieure, du talon au dos, dont la fonction est l’extension, et le maintien droit (ischios, mollets, lombaires)

Les profils aériens, peuvent donc quant à eux – et c’est extrêmement net chez Lewandowski – s’offrir le luxe de tirer puissamment, même « à l’arrêt », sans l’élan et l’énergie cinétique qu’il fournit, et qui est indispensable aux « petits ». Et sans quasiment aucune forme d’inclinaison du corps vers l’avant ou le côté.

Selon la même logique qu’une raquette de tennis est plus efficace qu’une raquette de ping-pong pour projeter une balle de tennis sans élan : une longue jambe est plus efficace qu’une courte si l’on est forcé d’opérer sans vitesse.

Ainsi, bien qu’incapable de se faufiler sous les épaules de ses adversaires comme ses glorieux ainés Hazard, Robinho etc… Semenyo n’a – à l’instar de D. Doué, avec qui la similitude saute aux yeux – pas besoin de d’être trouvé lancé à pleine vitesse pour frapper fort et dominer son ballon.

Missiles aériens – productif dans le cadrage
Avant de parler de la menace que représente cette façon de tirer, et du bénéfice que Semenyo en tire au moment de feinter, il convient d’examiner l’exécution de cette menace.
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